mardi 21 mai 2013

Jeu textile...une manière d'entrer dans le projet de paysage?


Nous sommes si habitués aux textiles et aux tissus que nous sommes à peines conscients de leur importance. Cette diversité de textiles tissés, travaillés et noués constitue pour une grande part de notre entourage le plus proche. L'étoffe donne à l'homme protection et sécurité. Le choix et la composition de différents matières, leur texture, leur couleur indiquent en même temps le caractère personnel de celui qui les porte. Par la fabrication et des textiles, l'homme a conquis le moyen d'outrepasser les limitations climatiques interdites. Il a agrandi son espace vital, il a augmenté ses possibilités de déplacement et d'action.
La connaissance approfondi de la matière et de la méthode de travail « né au temps de l'artisanat » et qui, depuis des siècles, transmettait, de génération en génération, ses lois fondamentales, est pratiquement inexistante aujourd'hui. Dans notre ère mécanique, avec la spécialisation qui en découle, l'industrie s'est chargée de la production. Nous sommes libérés de la nécessité de travaux textiles personnels. Néanmoins les liens qui existent entre l'homme d'une part, le fil et le tissu de l'autre, persistent. Quand on prend comme point de départ, cette liaison presque magique, il est évident, que dans le jeu avec cette matière, on recherche les rapports éternels et qu'on les retrouve dans la simplicité des manipulations et des expériences.

Rolf Hartung
Hanovre, automne 1971.











Quand Yves écrit le mouvement










jeudi 16 mai 2013

A_Vanité B_Les images et le rêve


Quoiqu'on en dise, faire de l'art, c'est crier « j'existe! »

Bien sur, ce n'est pas, heureusement, qu'une affirmation mégalo de l'ego. On ne pourra jamais ôter à l'art son rôle didactique et métamorphique : éducation du regard et transformation de l'être au monde.
Cependant, toucher à l'art, c'est fleurter avec l'immortalité. Et nul ne sait, de son vivant, si l'union sera fructueuse, sans tromperie ni abandon. Le jeu en vaut la chandelle, c'est le cas de le dire, et ce pour deux raisons : l’œuvre est ce jeu avec le réel dont l'auteur espère l’éternel éclat.

Au « grand travailleur » (Nietzsche) qu'est l'artiste, la seule richesse qui semble valable est de résister au temps qui passe, rester dans la mémoire. Cette richesse supporte toutes les pauvretés du monde réel : manque d'argent, mépris, indifférence. Voilà pourquoi la création est folie, qui chérit -par avance, sans certitude d'une possible conscience- la mort et le souvenir post-mortem plutôt que l'opulence possible du vivant. (Bien sûr, certains jouissent des deux !) Cette « nécessite intérieure » (Cézanne) n'est peut-être qu'une fuite, qu'un désir inavoué de mort, et de sublimation par le souvenir laissé -matérialisé dans les œuvres- de feu l'artiste.

Retour au feu. Prométhée. Vanité.



« Quand la mort m'endormira, je continuerai à rêver de toi » dit Yaseen, l'artiste de la rue.

 La poésie, c'est le rêve. Le rêve, le désir, se prolonge au-delà, par-delà (parfois même par le contexte lui-même de) la mort.
Voilà pourquoi l'art est un rêve qui floue les limites temporelles. Vient un moment où, confronté à la beauté, l'homme se tait et se fout du temps qui passe. Le rêve, l'art, c'est le silence. Une image qui vaut plus que mille mots. Dans sa vulnérabilité muette, elle appelle, le dit si bien Hegel. J'ai encore trop peur d'enlever les mots aux images. Le jour où je produirai une image qui se passe de mots, alors je pourrai dire que je commence à comprendre l'essence du monde. J'aurai trouvé un symbole. C'est cela un symbole : quelque chose qui résonne/raisonne dans le silence, qui vibre. Qui existe seul dans l'autonomie du rêve. Une image symbole, c'est une image qui devient à tous. Qu’importe l'auteur, si elle me touche, elle est à moi, elle est moi. Elle devient structurante de mon être. Même si elle a l'effet d'un imperceptible murmure d'eau au fond de mon âme, même en-deçà de la conscience, je ne peux plus vivre comme avant. Comme le rêve influence la vie et la vie influence le rêve, ainsi l'image trouve en nous un écho. Qu'importe le statut de l'image, tableau de musée, photo d'album, dessin d'enfant, visuel de magasine, publicité même !...qu'importe son prix, son contexte si, à l'instant où je la vois, elle demeure. Ainsi nous sommes des êtres hantés d'images, plus ou moins conscients de ces démons familiers qui brassent en nous les sentiments, s'intercalent dans nos souvenirs, influençant nos actes et nos émotions.
Faire de l'art, c'est produire des images. Est-ce le cas pour la musique, l’écriture ? Des images, là aussi ? Qu'importe, leur manière de nous influencer, inspirer (au sens de souffle, nouvel air, respiration) est la même. Peut-on vivre sans art, sans ce rêve, cette illusion qui se mêle au réel et nous encarte ? Sans cette mer intérieure au flux et reflux qui nous heurte et nous berce ?

Du fil doré