Paysage et dépaysement.
Les gares, des portes d'entrée de
villes. Toutes les mêmes. On les repère de loin. Les reconnaît.
Elles rassurent. Zones transitionnelles vers l'ailleurs, après la
digestion du train. Transit. Transport. Hommage à Combet.
Je
me demande souvent dans quelle mesure tous ces déplacements sont des
arrachements. Combien d'énergie physique et psychique ils nous
coûtent. Comment notre être parvient il a recomposer l'espace, se
reterritotialiser sans oublier des particules de soi. Je pense au
dématérialiseur de Willy Wonka. Décomposer, recomposer. Déformer,
métamorphoser. Transformer.
Je me demande en quoi les voyages nous
apportent. Nous transportent. Nous importunent. Nous déportent, nous
exportent, nous emportent. Nous abîment, nous animent, nous
subliment. Depuis quand exactement la machine s'est elle emballée,
cette exponentielle augmentation (frénétique?) du déplacement?
Jusqu'à la contemporaine et constante utopie: le non lieu des boyaux
transitionnels, qui brouillent le réel.
Quelle vision du paysage
à travers le cadre de la fenêtre? Histoire réactualisée de la
veduta picturale à l'âge cinématographique. Un tableau en
mouvement, ou s'enchaînent les plans publics. Mais s'ils ne sont pas
privés, sont-ils moins intimes? La fenêtre ne nous permet elle pas
justement, en cadrant, en cachant, une proximité presque tactile
avec le paysage vu? Une pure continuité d'hétérogène.
Bergson.
Et comment réagissons nous intérieurement à
notre passivité corporelle? Autour de nous, qui faisons corps avec
l'espace du train, de la voiture, de l'avion (spécificité qu'il
faudra développer) tout change. Corps machinique, certes, et en
mouvement. Corps en mouvement, particules élémentaires. Rien ne se
perd ni ne se crée. Tout se transforme.
***
C'est toujours la même chose qui m'habite. Les marges, les bords,
les délimitations. Les confins. Les hors champs, hors cadre. La
tension entre le dedans et le dehors. Entre ce qui est vu et ce qui
est caché. Mais surtout le fil, l'horizon entre. L'équilibre qui ne
doit pas être rompu. D'où les îles, les vedutas, l'érotisme. La
crèche et l'Hostie. Les maisons abandonnées. Les cabanes.
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