vendredi 6 septembre 2013

Voyages

Paysage et dépaysement.
Les gares, des portes d'entrée de villes. Toutes les mêmes. On les repère de loin. Les reconnaît. Elles rassurent. Zones transitionnelles vers l'ailleurs, après la digestion du train. Transit. Transport. Hommage à Combet.
Je me demande souvent dans quelle mesure tous ces déplacements sont des arrachements. Combien d'énergie physique et psychique ils nous coûtent. Comment notre être parvient il a recomposer l'espace, se reterritotialiser sans oublier des particules de soi. Je pense au dématérialiseur de Willy Wonka. Décomposer, recomposer. Déformer, métamorphoser. Transformer.
Je me demande en quoi les voyages nous apportent. Nous transportent. Nous importunent. Nous déportent, nous exportent, nous emportent. Nous abîment, nous animent, nous subliment. Depuis quand exactement la machine s'est elle emballée, cette exponentielle augmentation (frénétique?) du déplacement? Jusqu'à la contemporaine et constante utopie: le non lieu des boyaux transitionnels, qui brouillent le réel.
Quelle vision du paysage à travers le cadre de la fenêtre? Histoire réactualisée de la veduta picturale à l'âge cinématographique. Un tableau en mouvement, ou s'enchaînent les plans publics. Mais s'ils ne sont pas privés, sont-ils moins intimes? La fenêtre ne nous permet elle pas justement, en cadrant, en cachant, une proximité presque tactile avec le paysage vu? Une pure continuité d'hétérogène. Bergson.
Et comment réagissons nous intérieurement à notre passivité corporelle? Autour de nous, qui faisons corps avec l'espace du train, de la voiture, de l'avion (spécificité qu'il faudra développer) tout change. Corps machinique, certes, et en mouvement. Corps en mouvement, particules élémentaires. Rien ne se perd ni ne se crée. Tout se transforme.



***
C'est toujours la même chose qui m'habite. Les marges, les bords, les délimitations. Les confins. Les hors champs, hors cadre. La tension entre le dedans et le dehors. Entre ce qui est vu et ce qui est caché. Mais surtout le fil, l'horizon entre. L'équilibre qui ne doit pas être rompu. D'où les îles, les vedutas, l'érotisme. La crèche et l'Hostie. Les maisons abandonnées. Les cabanes.