dimanche 3 février 2013

Promenade et scénographie


    Notre vie quotidienne se mêle sans cesse, et souvent à notre insu, à l'espace scénique  Partout, une mise en scène est à l'oeuvre. Chaque support d'information devient espace d'exposition : musée, métro, vitrine, panneaux d'affichage, mobilier urbain...
L'espace qui nous entoure, anthropisé à mort, est mise en scène, mise en signes (Baudrillard, tiré dans le sens qui m'arrange).

    La scénographie repose sur l'occupation par la mobilité d'une zone délimitée (celle des acteurs ou visiteurs d'exposition), et sur l'articulation harmonieuse des éléments de décor qui la compose.
Muséographie: il s'agit de placer le visiteur en situation de perméabilité afin que, mis en confiance par l'espace environnant, ses sens et son intellect impriment les informations, les émotions véhiculées. C'est par son corps en marche que s’opérera la synthèse des impressions et des conceptualisations.

Ainsi, la visite d'une exposition est une promenade : le visiteur y fait une expérience du paysage. Il s'agit de le faire entrer dans un rythme autre, lui permettre d'effectuer cette déterritorialistion dont parle Deleuze. Il entre dans une temporalité qui vise à le déconnecter de ses pratiques habituelles afin de le restituer enrichit à sa vie quotidienne, avec en sa possession un éventail augmenté de filtres pour voir le monde.

Une fois entré phénoménologiquement dans l'exposition, la surprise reste un enjeu nécessaire pour maintenir l'attention de notre visiteur et dynamiser son parcours. C'est pourquoi l'exposition se doit d'être délimitée, repartie en différents thèmes-territoires où chaque franchissement de frontières est un évènement symbolique et géographique.
Le montage d'une exposition est donc un projet de paysage avec espaces, fonctions, acteurs, et usages.

L'enjeu de l'architecte paysagiste est avant tout de faire des espaces pour que les gens y soient heureux. Nous ne sommes pas seulement des machines à produire des formes. En cessant de nous battre pour la capacité inédite de nos aménagements, et réconciliant technique et symbolique, en utilisant ce “design au-delà du visible” (L. Burckhardt) nous pourrions alors donner aux espaces ce supplément d’âme dont ils semblent manquer. 

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